"Dieu ne se lasse jamais de rétablir une vie blessée", l'exemple de Dorothy Day
En Mars 2023, Florence-Anne fait partie des neuf femmes qui animent la neuvaine Hozana "9 jours pour s'inspirer de 9 femmes au témoignage bouleversant". Elle y présente Dorothy Day qu'elle a choisie pour son témoignage d'espérance. Retrouvez ci-dessous les mots de Florence-Anne :
J’ai la joie de vous présenter Dorothy Day, femme américaine new-yorkaise née en 1897 et décédée en 1980. Sa vie est un exemple de radicalité puisée dans les Évangiles. Elle fonda en 1933 le « Catholic Worker Mouvement » qui défendait la foi des ouvriers dans les milieux d’extrême gauche aux Etats-Unis. Le journal du mouvement avait pour but de promouvoir la doctrine sociale de l'Église. Elle créa aussi des « maisons de l'hospitalité » qui se développent dans les quartiers pauvres de New York, ainsi qu'une série de fermes où des chrétiens vivent en communauté…
Le mouvement se propage rapidement dans d'autres villes aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Aujourd'hui, il existe plus de cent communautés, y compris en Australie, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Irlande, au Mexique, en Nouvelle-Zélande et en Suède.
Avant tout cela, Dorothy Day était une militante anarchiste et communiste, jeune journaliste engagée dans la défense pour les plus pauvres. Elle se convertit au catholicisme à l’âge de 30 ans, à la naissance de sa fille Tamar, se fait baptiser et confirmer mais ne renie pas pour autant ses convictions révolutionnaires et avant-gardistes en faveur de la justice et de la paix.
Elle raconte dans son autobiographie qu’elle s’est notamment beaucoup intéressée aux psaumes dans sa jeunesse, qui l’ont profondément touchée alors qu'elle ne connaissait pas Dieu. Dès son plus jeune âge, Dorothy est une jeune fille mystique, en quête spirituelle, très sensible à la beauté du monde.
Jeune femme sans Dieu, Dorothy Day s’est engagée en faveur des droits des femmes, de l'amour libre et du contrôle des naissances dans sa jeunesse, mais s’opposera fermement à la révolution sexuelle des années 1960. Elle avait, en effet, une attitude progressiste en ce qui concerne les droits économiques et sociaux mais défendait une morale catholique orthodoxe.
Sa conversion a été progressive, elle n’a rien eu d’une révélation soudaine. Elle a trouvé Dieu en même temps que le bonheur humain, à un moment de sa vie où elle avait trouvé l’apaisement, notamment à travers la contemplation de la nature. C’est pendant qu’elle attendait la naissance de sa fille qu’elle s’est sentie irrémédiablement attirée par l’Église catholique. La spiritualité de Dorothy est d’abord celle d’une convertie, elle en a l’ardeur, la vivacité et la radicalité. Elle témoigne de la miséricordieuse bonté de notre Dieu, après des chutes, des détresses, Dorothy, au cœur du combat a su garder confiance et espérance, se laissant toucher par la grâce.
Elle a reçu le prix Pacem in Terris en 1971. Sa cause en béatification a été ouverte en 2000 par le pape Jean-Paul II. Elle est pour le moment considérée comme servante de Dieu.
Américaine, mère célibataire, écrivain, journaliste. Dorothy est une femme courageuse. « Je veux changer le monde » telle était sa devise. Sa vie est une aventure unique, loin d'être parfaite, que j’ai découvert en 2018 en lisant un petit encart sur le coin d’une feuille d’un magazine chrétien. Choc, larmes… ce fut ma première rencontre avec Dorothy Day.
Elle nous rejoint sujets de société tels que le suicide, l’avortement, le divorce, la prison, la perte de la Foi, les catastrophes naturelles, la guerre, le chômage… la solitude. Et oui, Dorothy Day a connu tout ça… incroyable ! Et elle devient en l’an 2000 un modèle vénérable par notre Eglise !
Et Notre Dieu est passé par elle pour me rejoindre… rejoindre mon cœur blessé par un divorce, une nullité, la solitude, la précarité… et l’angoisse de porter seule l’éducation de 9 jeunes enfants.
Jamais je n’ai trouvé une telle figure d’exemplarité sur mon chemin de Foi. Elle prouve par sa vie, que malgré nos chemins de traverses, nos chutes dans nos parcours parfois si chaotiques, se relever est possible, la sainteté est possible. La sainteté n’est pas un luxe, mais un devoir. Je me suis aperçue grâce à elle que me rétablir en Christ… est le chemin de la sainteté, notre
chemin de sainteté. C’est un appel pressant unique et à la fois universel. J’ai expérimenté par son témoignage que la sainteté n’est pas réservée à ceux ou celles qui ont une vie un peu près bien… mais à tous. En toute confidence, après un divorce, se libérer du regard posé sur soi par soi… est une conversion. Se laisser regarder et aimer avec toutes ses failles… se laisser guérir de ses plaies. Dorothy Day a permis d’ouvrir la trappe bien verrouillée de mon cœur qui ne croyait plus que notre Dieu m’appelait à la sainteté.
Je suis illustratrice pour vos enfants je donne à voir ce que j’imagine du Ciel… je dessinais des saints patrons et des images, sans me sentir bien légitime. Je me sentais hors de l’Église. Dorothy Day m’a permis de revenir au cœur de l’Eglise… le cœur en paix. J’ai repris mes pinceaux et mes couleurs pour dessiner nos saints du Ciel en répondant avec assurance et fierté à ma mission de baptisée, avec certes, cette écharde au pied mais qui me garde dans l’humilité…
ET oui… !
Dieu ne se lasse jamais de rétablir une vie blessée, brisée…il attire, il saisit et fait de nos vies une œuvre que nous n’aurions pas cru si on nous l’avait raconté !
Florence-Anne Ambroselli
